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Être soignante.
À mon sens, il ne s’agit pas d’un métier ; c’est une façon d’être et de vivre.
On ne s’arrête pas d’être soignante à partir du moment où l’on range sa tenue au vestiaire ; on continue souvent à jouer ce rôle auprès de notre entourage une fois rentrée à la maison.
Je connais aussi des femmes que je considère comme soignantes, qui n’ont jamais fait d’études médicales ou paramédicales ni exercé de métier dans ces domaines.
Qu’elles soient soignantes de métier ou pas, toutes ces femmes ont notamment en commun le fait de mettre leurs propres besoins de côté, pour dévouer toute leur énergie à devancer et assouvir les besoins des autres.
Pour ma part, bien avant de commencer mes études de médecine, j’étais déjà celle qui devançait les besoins des autres jusque dans les plus petits détails du quotidien.
Adolescente, je m’étais donnée pour mission de me lever avant tout le monde pour préparer de manière personnalisée le petit-déjeuner de chacun ; je jouais déjà à la parfaite femme d’intérieur (mon admiration pour le personnage de Bree Van de Kamp a commencé à ce moment-là 😄).
À l’école, j’étais celle à qui l’on se confiait en cas de tracas gênant. À la maison, je portais beaucoup de choses et je faisais tout mon possible pour ne pas laisser mes émotions prendre trop de place, à la fois dans l’idée que cela soulagerait les autres, et pour éviter de « déranger », de décevoir et de paraître faible.
Je me rappelle la promesse à l’origine de tout cela. Je me la suis prononcée devant le miroir alors que j’avais 7 ans : « à partir de maintenant je serai une petite fille gentille, je ferai tout ce que l’on me dit, comme ça tout le monde m’aimera ». Je n’avais pas idée que je venais de lancer un engrenage de perfectionnisme maltraitant, dont je mettrais 21 ans à commencer à m’extraire.
Malgré tout ce que je m’imposais souvent inconsciemment pour satisfaire mon entourage, mon choix d’être médecin répondait à un réel appel du cœur d’aider les autres et d’assouvir ma passion pour l’apprentissage du fonctionnement du corps humain.
Une fois les études entamées, l’esprit de compétition dès le premier jour, les journées optimisées au millimètre dans l’espoir de passer devant les autres et « réussir le concours » (je n’avais plus que cette expression en tête), le peu de congés qui servaient à réviser les examens...font que j’ai fini par adhérer passivement à tout ce qui m’était enseigné. J’engloutissais des tas d’informations et de techniques de soin que je n’avais absolument pas le temps de remettre en question, pour les ressortir en bonne élève dans les examens ou devant les patients.
Une fois interne, il m’aura fallu attendre de finir dans un état de morte-vivante et de me voir arriver à créer une situation de maltraitance envers une patiente, pour commencer à me réveiller à nouveau.
Je me rappelle avoir réalisé à ce moment-là, à quel point ce monde auquel j’adhérais était éloigné de l’appel du cœur avec lequel je m’étais engagée dans cette voie.
Mais j’en étais encore au stade où, en bonne soignante qui se respecte, je me sentais le devoir de tenir bon. Je ne me voyais pas abandonner tant d’années de sacrifice, me retrouver sans métier ni revenu et abandonner à la fois les collègues et les patients qui comptaient sur moi.
Cependant, alors sortie des études et médecin généraliste remplaçante depuis seulement quelques mois, j’ai reçu un cadeau que je n’ai pas perçu comme tel au départ : mon corps m’a tout simplement lâché. Non pas une fois, mais autant de fois qu’il a fallu pour finir par prendre la décision de m’arrêter totalement. J’ai dû faire de manière forcée ce premier pas de côté vis-à-vis d’un avenir tout tracé, et sans le savoir, je venais de commencer à briser ce cercle vicieux dans lequel je m’étais engagée à l’âge de 7 ans.
La première chose que j’ai faite à ce moment-là est de m’offrir un séjour de ressourcement en groupe et en pleine nature. Il n’y a pas de raison rationnelle à cela ; l’opportunité s’est présentée à moi, et je l’ai saisie.
Ce fût une révélation. Nous étions en août 2021 et j’expérimentais, pour la première fois en présentiel, les bienfaits des cercles de parole.
Cela faisait seulement 15 jours que j’avais laissé derrière moi tout ce que j’avais eu si peur d’abandonner, et je commençais déjà à ressentir à nouveau mon cœur (cette zone-là était anesthésiée depuis des années), ainsi que beaucoup d’espoir et d’inspiration en mon for intérieur. J’entrevoyais la personne que j’avais vraiment envie d’être, le monde dans lequel j’avais envie de vivre et ce que j’avais vraiment envie d’apporter aux personnes qui font partie de mon chemin, que ce soit pour un instant ou pour la vie.
L’engrenage dans lequel je venais de m’engager, cette fois vertueux, n’a cessé de s’intensifier. Aujourd’hui se construit une vie qui me ressemble chaque jour un peu plus, dans le respect de ma santé et de mon rythme fluctuant par nature. Ces émotions qu’auparavant je réprimais et que je considérais comme des entraves à mon quotidien, sont désormais mes guides les plus précieux dans la poursuite de ce chemin d’évolution.
Pour autant, vivre cette vie-là dans ce monde actuel qui nous tient par la culpabilité sous toutes ses formes, demande un vrai engagement envers soi-même et de ne pas attendre de validation extérieure immédiate ; en arrêtant d’attendre « l’excuse » d’un problème de santé visible pour enfin être à l’écoute de mes propres besoins, j’observe à quel point cela contribue à casser les codes d’une société que je perçois comme une broyeuse de la nature humaine, et de la nature tout court.
Ce soutien de mon entourage que je n’ai pas eu au départ, c’est dans les cercles de parole et le coaching que je l’ai trouvé. C’est pourquoi aujourd’hui, je décide de rendre la pareille en permettant aux soignantes de découvrir ces cercles qui pour moi, représentent une vraie médecine à part entière.
Une journée découverte des cercles de femmes dédiée aux soignantes arrive au début du printemps : et si c’était pour toi ce premier pas de côté ? Cette pause dans la course effrénée du quotidien, qui viendrait ouvrir en toi de nouvelles perspectives insoupçonnées ?
Je suis joignable par messagerie privée instagram ou par mail : melanie.gaillard01@live.fr, pour de plus amples renseignements et/ou inscription.
À bientôt,
Mélanie.
PS : dans mon dernier article de blog, « pourquoi ai-je décidé de créer des cercles de soignantes ? », vous trouverez toutes les informations dont vous avez besoin pour comprendre l’intention et le déroulé de ces cercles.